Rien ne prédestinait Suzanne Gros, née en 1878 dans une famille bourgeoise du nord de la France, à embrasser une carrière de médecin. C'est poussée par son premier mari, le docteur Henri Pertat, que la jeune femme entreprend en 1905 des études de médecine, et devient interne des hôpitaux en 1912. Le conflit mondial qui éclate en août 1914 l'empêche de soutenir sa thèse, mais va lui permettre de mettre en pratique les connaissances en matière de chirurgie maxillo-faciale acquises avant-guerre auprès du Pr Morestin, spécialiste de chirurgie réparatrice à l'hôpital du Val-de-Grâce.
La Première Guerre mondiale voit en effet apparaître un nouveau type de blessés, les mutilés de la face, car la tête des combattants était particulièrement exposée dans la guerre de tranchées.
Ces fameuses « gueules cassées », Suzanne Noël s'efforce de les réparer, appliquant et perfectionnant sur le terrain les techniques de chirurgie plastique qui lui permettent de remodeler crânes et mâchoires, et de rendre visage humain à ces hommes parfois atrocement défigurés.
L'engagement de Suzanne Noël se poursuit après la guerre : sensible depuis longtemps à la cause des femmes, elle fonde en 1924 la section française des Soroptimist, organisation féminine américaine réunissant des femmes actives, soucieuses de mettre leurs compétences au service de grandes causes. Après sa mort en 1954, une bourse à son nom est créée pour récompenser une femme médecin spécialiste de chirurgie plastique, cette spécialité qu'elle avait si profondément contribué à faire progresser pendant la Première Guerre mondiale.
© La Poste - Catherine Valenti.
Dʹaprès le communiqué de presse de Phil@Poste.
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