Charles-Paul Dufresne |
18 janvier 1885 - 14 août 1956.
est parisien. Il naît le 18 janvier 1885, dans une famille d’artistes, de peintres et musiciens ( Emma Dufresne, sa grand-mère, 1er professeur femme au Conservatoire National de Paris ).
A 15 ans, il entre à l’atelier du peintre Georges Roussin, qui le prépare à l’école des Arts Décoratifs, d’où il sort avec une première médaille de dessin et d’aquarelle.
A 18 ans, il entre à l’Académie Julian, où il eut pour maîtres, Bouguereau et Marcel Baschet.
A 19 ans, il entre à l’Ecole Nationale des Beaux -Arts de Paris. Il fut l’élève de Cormon pour le dessin, et de Jules Jacquet pour la gravure en taille douce, et cela durant sept ans.
Il fut très vite admis au Salon des Artistes Français où il exposera régulièrement. Son talent s’affirme en gravure, il obtient une mention en 1908 pour l’oeuvre « Bord d’un canal en Hollande », d’après Van Goyen.
En 1911, il épouse Louise Philippart dont il eut sept enfants.
Après une longue interruption due à la guerre de 1914/1918, qu’il fait comme engagé volontaire, il se consacre à nouveau à sa passion, la gravure.
Son activité principale sera particulièrement consacrée à la reproduction de nos grands maîtres de la peinture, qu’il interprète avec une maestria remarquable. Son burin léger ou vigoureux, suivant le cas, trouvait toujours par le choix judicieux des tailles, l’effet précis destiné à donner à la composition, le relief qui la rendait vivante.
Cette maîtrise du burin lui valut des commandes officielles de l’Etat pour la Chalcographie du Louvre :
« La Belle Angèle » d’après Gauguin, Médaille d’Argent en 1943
« La meilleure part » d’après Maurice Denis.
« L’Hommage à Cézanne » d’après Maurice Denis.
Son talent , tant au burin , qu’à l’eau forte, lui à donc permis d’exécuter, avec un égal succès, des œuvres appartenant à des écoles très diverses : »Le Christ en Croix « de Bonnat, « Saint Sébastien « de Guido Reni , le Sommeil de Vénus « de Boucher , « la femme au puits » de Millet, , mais aussi Chagall, Picasso, Vlaminck, Loy Conni ….. Mais il fut aussi l’auteur d’œuvres personnelles telle » le Christ à la couronne d’épines » gravé en 1936, qui témoignent de son talent de dessinateur, trop rarement sollicité. De cette œuvre émouvante, l’artiste graveur, P. Gandon disait : « C’est la plus belle tête de Christ que je connaisse ».
La distinction honorifique de l’Ordre du Dragon de l’Annam lui sera décernée lors de sa participation à l’Exposition Coloniale de 1931, au Musée des Colonies, pour 17 planches gravées en relief, représentant une synthèse de l’Indochine.
En 1937, il obtient le Grand Prix de Gravure, à l’exposition Internationale à Paris.
Il illustrera des livres, tel « la Duchesse de Langeais » de Balzac, pour les éditions Rombaldi, « Saint Guilhem le désert » de Christian, ouvrage qui a obtenu le prix Catanassi décerné par l’académie des Beaux-Arts…
La ville de Paris lui commandera des vignettes de bienfaisance, « la première d’Hernani » pour l’aide aux intellectuels, « Samson et Dalila » pour l’aide aux musiciens …. En 1949, il présente au salon le « Martyre de Saint Denis « d’après Bonnat qui lui valut la médaille d’Or et le consacre Hors Concours et Membre du jury du Salon des Artistes Français. Il fut membre de la Société des Graveurs à l’eau forte.
Pour l’ensemble de son œuvre artistique, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1953.
Pour l’anecdote, parallèlement, ce maître capable d’une extrême finesse dans les grisés à « main levée » avec un burin, était aussi un sportif, champion de Paris amateur, en haltérophilie !!!!
Bien entendu, le Ministère des Postes se devait de faire appel à Charles-Paul Dufresne, pour la gravure de ses poinçons. Son premier timbre, en 1939 le « Grégoire de Tours » est une réussite et l’on peut lire dans la presse philatélique de l’époque : « pour ses débuts, dans l’art si particulier du timbre poste, il a réussi là un petit chef-d’œuvre » (extrait du journal le Monde des Philatélistes Juillet 1954, » Ceux qui créent nos timbres« par Raymond Duxin). S’en suit une collaboration importante avec l’administration des Postes. Il fit une trentaine de timbres Français (son dernier gravé : le Van Gogh) et une soixantaine pour les ex-colonies, Monaco, Andorre, La Saar, la Pologne … Il obtint le Mérite Postal en 1956.
En ce qui concerne la gravure de timbres, Charles Paul Dufresne nous disait : « l’artiste à toute liberté d’interpréter sa maquette, ou celle d’autres dessinateurs, en y apportant sa technique personnelle, à condition bien entendu d’en respecter les lignes générales. Pour moi, j’aime les sujets qui permettent de donner des oppositions de valeurs, des premiers plans vigoureux qui font valoir la douceur des autres plans et qui donnent de « l’effet ».
Cette complicité, du dessinateur et du graveur, Charles-Paul Dufresne l’a trouvée tout particulièrement avec Pierre Paul Lemagny dont il grave bon nombre de maquettes.
En entrant dans son atelier, à Montrouge, parmi les œuvres du maître, un magnifique portrait, hommage du peintre Grosperin à l’artiste en 1952, exprime la personnalité chaleureuse du maître graveur.
Charles Paul Dufresne est mort le 14 août 1956 à son domicile d’une crise cardiaque. Cinquante ans après sa mort, ses œuvres sont encore exposées, telle la gravure de la « Belle Angèle « lors de l’exposition Gauguin en 2003 au Grand Palais et ses timbres circulent dans le monde entier. Il est certain que cet artiste d’exception restera longtemps présent parmi nous.
Œuvre originale, dessinée et gravée par Charles Paul Dufresne en 1936.
« Tête de Christ à la couronne d’épines ».
(Format réel 13/18cm).
Sources : Archives personnelles de la famille.
« Le Monde des philatélistes ».
Rédaction : J. Dufresne, fille de l’artiste et R.Mattei.
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